Etude sur la supply chain :

Date de diffusion : le samedi 05 février 2022

1. Introduction et mise en contexte :

Le département supply chain est un service d'organisation logistique lié à la chaîne d'approvisionnement d'une entreprise ou autre structure organisée. Autrefois négligé voire peu reconnu car étant considéré comme étant un poste à charge, elle est aujourd'hui un pilier stratégique de compétitivité pour contrôler et réduire les coûts logistiques dans l'environnement complexe de la mondialisation, des relations commerciales et de forte concurrence.

Les grandes structures économiques sont souvent victime de problème de gestion et d'efficacité à cause du manque de contrôle, de décentralisation, de traçage et d'informations. Les conséquences pour les gestionnaires sont le manque de transparence et de visibilité sur leur marchandise. Ce qui génère des anomalies tels que le gaspillage, des valeurs de stock et/ou des pertes exagérées, l'impossibilité d'exploiter des données, des trafics et vols en tout genre.

Le service supply chain permet donc de centraliser les problématiques et anomalies logistiques, de revoir tout le système de fonctionnement logistique dans le but de déployer une chaîne d'approvisionnement efficace.

2. Fonction d'approvisionnement :

L'approvisionnement consiste à fournir des biens pour répondre à des besoins spécifiques en quantité et temps voulu. La supply chain répond à ces besoins. Le service level est l'indicateur KPI de performance par excellence. Il permet de mesurer les résultats et l'efficacité logistique. A savoir ce qui a été livré et à quel moment par rapport à ce qui a été demandé et pour quand.

La difficulté de l'approvisionnement et de la gestion des stocks est l'équilibre entre les coûts de stockage et le service au client. C'est est un exercice contradictoire entre la volonté de disposer de stock suffisant tout en limitant sa valeur.

L'approvisionnement est au cœur du fonctionnement de toute société. Que ce soit le transport, l'énergie, l'alimentation..., elle est indispensable pour maintenir et garantir un degré de confort et de développement économique. Il est difficile de concevoir une société en pénurie chronique d'énergie, d'électricité, d'alimentation, de transports...Le rôle de la supply chain est de gérer ces approvisionnements souvent critiques et stratégiques.

3. Principe de fonctionnement d'un dépôt central et gestion des stocks :

3.1. Introduction

Une supply chain efficace implique le bon fonctionnement logistique d'un centre de distribution. Tout est étudié pour optimaliser au mieux la gestion des stocks et le service au client. Dans le commercial, ce dernier peut-être un point de vente, le service achat, le service marketing. Dans l'industriel, cela peut-être le service technique, les ingénieurs, les points de distribution logistique...Cette notion de service au client interne est fondamental pour une supply chain efficace et cohérente.Les clients internes ont souvent leurs propres clients qui sont les utilisateurs finaux. Il y a donc toute une chaîne d'approvisionnement à gérer jusqu'aux clients finaux. Le centre de distribution est au cœur de cette chaîne.Le client interne connaissant ses besoins mieux que quiconque, il convient de décentraliser au maximum l'information sur les besoins pour permettre une flexibilité accrue, un temps de réaction, une bonne communication et un haut degré de service de la part du dépôt central.

3. 2. Optimalisation d'un centre de distribution :

Pour fournir un service client efficace tout en contrôlant les coûts, il est indispensable d'organiser le trafic de marchandise de façon efficace, pragmatique et logique :

Diviser, organiser et tracer le trafic de marchandises en différentes zones : Pour une gestion efficace du flux de marchandise, il faut différentes zones fonctionnelles. La réception, la zone de stockage, la zone d'expédition. Entre ces zones, il peut exister des espaces de transit / tampons. Pour pouvoir tirer des statistiques et assurer un bon suivi des références, il est nécessaire de suivre chaque flux de stock en les enregistrant, par exemple en donnant un numéro pour chaque mouvement (entrée, sortie de stock, retour client interne, retour fournisseur, bon de livraison...).

Au niveau inbound, discipline logistique des livraisons indispensable pour un bon fonctionnement : Pour assurer un haut degré de service, il convient de mettre en place des méthodes de travail structurées à respecter. Les fournisseurs doivent livrer à temps selon et des créneaux horaires disponibles. Les retards répétés engendrent une désorganisation et des perturbations sur l'activité logistique et ressources humaines. Cela se fait généralement via des interfaces de prise de rendez-vous. Cette même interface permet de planifier la gestion des ressources humaines nécessaires au bon fonctionnement du dépôt et de tirer toutes sortes d'informations utiles.

Stocker les références au bon endroit en fonction de leur degré d'importance : Une référence fast mover (forte rotation) doit pouvoir se situer au plus proche du quai d'expédition pour diminuer les distances de préparation, assurer un bon service client dans un souci de rentabilité et de productivité. Et inversement pour les références de moindre importance. Il ne leur est pas nécessaire de consacrer autant d'attention.

Au niveau zone d'expédition / outbound / livraisons :

  • Optimiser les livraisons en établissant un planning d'expédition selon un schéma de commandes des clients internes par catégorie de produits (selon sa rotation, taille, poids, proximité... dans le but d'établir l'itinéraire de livraison le plus efficace et d'assurer une volumétrie de transport le plus rentable possible (remplir au maximum le transport pour ne pas transporter de l'air).
  • Optimiser les livraisons par des emballages spécifiques pour chaque type de produit afin d'assurer une stabilité, un rangement adéquat et une robustesse suffisante lors des transports.
  • Sous-traiter les transports pour passer des coûts fixes à coûts variables ou mutualiser le transport avec d'autres sociétés pour partager les coûts.

Gestion des slots et nouvelles références : Les dépôts n'étant pas extensible à l'infini, il convient de maitriser le nombre de références mis en stock pour pérenniser le bon fonctionnent du centre de distribution. En calculant bien évidemment le taux de disponibilité et pour limiter toute sur occupation prévoir une référence en moins (obsolète, peu rentable, trop imposant...) au moment de l'introduction d'une nouvelle. En concertation bien entre les services de stocks / approvisionnement et commercial / marketing.

3.3. Classification et paramétrisation des références via un progiciel de gestion intégré pour une bonne stratégie d'approvisionnement et gestion des stocks :

Pour gérer au mieux une chaîne d'approvisionnement d'un point de vue informatique, un progiciel de gestion intégré est indispensable. Le plus connu étant SAP. Il s'agit d'une grande base de données comprenant un ensemble d'applications (appelées transactions) permettant d'organiser, de remplir, de compiler, extraire, stocker ou encore analyser des données. Elle au cœur de la disponibilité de toute information et de traçage des références gérées.

Pour une gestion de stock efficace et rentable, il est nécessaire de classifier les références en analysant leur degré d'importance. L'erreur est de considéré tous les produits comme étant égaux. Certaines références ont une forte rotation, d'autres moins. D'autres sont plus rentables, plus chers, prennent plus de place, ont des coûts de stockage élevé...

On peut donc déterminer une politique d'approvisionnement et gestion des stocks en jouant sur des paramètres. En déterminant les articles à commander sur demande car faible rotation, avec consommation régulière, en fin de vie et / ou en baisse dans le temps.

On peut également jouer sur les paramètres pour évaluer, adapter ou adopter une stratégie de gestion de stock voulue par la hiérarchie. Voici quelques exemples si l'on veut réduire la valeur de stock et les coûts logistiques.

  • Echelonner les commandes à forte valeur afin de conserver une valeur de stock raisonnable. Néanmoins, l'échelonnement augmente la fréquence de livraison. Il faut donc veiller que les coûts de réception (suivis administratif, coûts de personnel, mise en stock...) restent raisonnables par rapport à ces échelonnements de commandes.
  • Si l'on souhaite modérer la fréquence de livraison, on peut commander une quantité supérieure. Ce qui permet de limiter la fréquence de livraison et de manipulation en dépôt. Pour ne pas exploser la valeur de stock, trouver l'optimum entre la fréquence de réception et la valeur de stock en optimalisant les unités logistiques commandées en fonction des consommations.
  • Au niveau stock maximum, stock minimum et stock de sécurité, on peut jouer sur les paramètres pour baisser le stock coverage. Pour le stock de sécurité, si la consommation est stable, régulière et que la valeur des références concernées est assez élevée, il est intéressant de baisser le stock de sécurité voire de le supprimer. La valeur de stock sera allégée sans trop de risques de ruptures conséquentes.
  • Commander une référence de moindre importance (faible rotation de stock, faible valeur, coûts administratifs importants) en plus grande quantité pour accorder moins de suivis.

3.4. Considérer le bon flux d'approvisionnement :

Il est intéressant d'effectuer une étude pour sélectionner le meilleur flux d'approvisionnement en fonction de la nature du produit géré. Voici quelques exemples de flux utilisé en supply chain.

Flux régulier / stocké : On considère ce flux comme étant classique. On commande, le fournisseur livre et la marchandise est stocké. Ce flux est utilisé pour des produits à consommation régulière, de préférence de longue durée de conservation. De cette façon, on peut calculer et paramétrer le bon niveau de stock et de service au client.

Flux transit : On considère ce flux comme tendu. C'est-à-dire avec peu ou sans de temps de stockage. Ce flux convient particulièrement pour les références ayant une durée de conservation courte ou à très forte rotation. Il permet également de limiter le coût de stockage.

Flux alloti : Ce flux est intéressant pour une grande structure comprenant de nombreux clients internes, tels que des magasins pour la grande distribution. Dans ce cas, le fournisseur classe, tri et distribue en fonction des besoins de chaque client interne de l'entreprise qui est livré. Le fournisseur a donc accès à la gestion du stock de son client et aux besoins de ses clients internes.

Flux VMI : En d'autres termes GPA, gestion partagée des approvisionnements. Le fournisseur considéré comme reconnu, solide, stable et fiable gère lui-même le stock de son client via le partage des données. Pour le client, il y a moins de coût de personnel et administratif. Il laisse la liberté à son fournisseur de gérer ses propres stocks. Il y a tout de même des risques de stocks élevés. Le fournisseur étant tenté de faire commander plus à son client sans que ce soit vraiment justifié surtout vers la fin pour faire gonfler les ventes.

Flux consigné : Le stock en dépôt du client est valorisé chez le fournisseur. De ce fait, le fournisseur consigné a droit de regard sur son stock (inventaire, justification ou adaptation des commandes...).

3.5. Quelques remarques sur la gestion financière d'un centre de distribution :

Plus une centrale de distribution dispose de points à distribuer, plus sa rotation de stock est assurée. Donc moindre coût de stockage et économies d'échelles au niveau de la société.

En ce qui concerne les rallongements des délais de livraisons. Si un fournisseur souhaite rallonger son délai de livraison pour une raison ou une autre, cela aura pour conséquence d'augmenter la valeur de stock en dépôt. Les responsables d'approvisionnement doivent donc demander une contrepartie pour compenser le hause de valeur de stock.

A partir d'une certaine valeur de stock conséquente, il est intéressant pour les responsables de l'approvisionnement de négocier un stock consigné. C'est-à-dire valoriser le stock chez le fournisseur en lui offrant en contre partie un droit de regard et inventaire sur son stock.

On peut aller plus loin en analysant les couts d'entreposage de stock pour chaque référence, en étudiant les coûts de mise à disposition des slots, de l'énergie et matériel de manutention utilisé pour le répercuter sur le contrat d'approvisionnement avec le fournisseur.

Une hyper optimalisation d'un centre de distribution (stock réduit au minimum, intolérances sur les petits retards de livraison, personnel de manutention réduit au minimum...) peut engendrer une fragilité du système logistique par toute sortes de perturbations (tensions du personnel, grèves, marchandise en rupture de stock, litiges fournisseurs) et impossibilités de répondre à des imprévus (crise sanitaire, personnel absent, demande trop importante et rapide...).

4. EDI - Echange de données informatisées :

Au fur et à mesure de la complexité, de la quantité de références à gérer et des flux d'informations, l'EDI devient un excellent outil pour l'échange informatisée de données (EDI). Dès que le nombre de commandes, de livraisons et facturations devient important et complexe, il est logique d'investir dans cet outil électronique. Elle réduit le nombre d'intermédiaires, automatise l'échange d'informations et réduit donc les manipulations manuelles. L'organisation logistique devient plus efficace ainsi que la fiabilité des documents par l'interopérabilité des documents, progiciels de gestion et autres calculs algorithmiques.

5. Maintenir une supply chain performante :

Pour maintenir un haut degré de service logistique envers le client interne, il est utile de mettre en place des services spécialisés et des outils permettant d'atteindre cet objectif. Voici des exemples concrets :

5.1. Au niveau inbound (fournisseurs vers dépôt), mettre en place un service relance nécessaire pour relancer tous les dossiers ouverts relatifs aux retards, blocages logistiques ou dossiers sans suivis et/ou bloquants. Ce service garantit un suivi des commandes à partir d'une date de livraison confirmée jusqu'à la réception finale de la marchandise. Tant que la commande n'est pas clôturée, ce service relance régulièrement les personnes de contact lié à la chaine d'approvisionnement. Ce système permet de certifier le suivi des livraisons vers le centre de distribution et donc de garantir au client interne une information fiable concernant la disponibilité des références demandées.

5.2. Au niveau outbound (dépôts vers clients internes), mettre en place un service Helpdesk / Supply Customer Service dans le but de fournir un support logistique de qualité à son client interne (servir le bon produit, au bon moment et en bon état).

Il est nécessaire de centraliser les demandes récurrentes des clients internes concernant tous les problématiques liés à la logistique. Ce service d'aide logistique est au front pour fournir une prestation logistique efficace. Comment y arriver ? En créant des procédures les plus simplifiées et compréhensibles pour chaque cas de problématiques logistique. Du moins pour les demandes / plaintes les plus récurrentes. Voici quelques exemples de plaintes et questions qui reviennent souvent.

Erreur de préparation, erreur d'expédition, de livraison : Dans ce cas, il faut demander au service responsable de recontrôler le stock concerné pour éviter les anomalies de références et d'autres erreurs de préparations. Ensuite procéder à l'échange de marchandise selon un bon d'échange simplifiée. Une fois le matériel non conforme retourné en central, le remettre en stock sans perdre de temps afin de clôturer l'anomalie constatée au plus vite.

Besoin urgent d'une référence ou risque de rupture : Pour trouver une solution rapide, on peut demander un transfert de stock entre points logistiques. Ou prévoir une livraison au plus vite via un itinéraire de livraison plus rapide. Si le stock demandé n'est disponible nulle part, mettre une priorité sur la référence concernée à partir d'un schéma de livraison informatisé (par exemple via l'outil ATP available to promise, c'est-à-dire livraison selon un ordre de priorité de commandes).

Demande d'infos du client interne pour une référence : Ceci peut concerner des infos sur la disponibilité, une demande d'avancement de livraison, une livraison en retard à signaler et faire suivre, une livraison non conforme en qualité ou non conforme aux conditions exigées (dans ce cas, toujours demander une contrepartie par exemple via une note de crédit sur facture), trop ou pas assez livré (respectivement faire suivre via reprise de marchandise et numéro de retour ou demande de relivraison du solde ou clôture via notre de crédit).

5. Challenges, problématiques et opportunités d'avenir pour la supply chain :

5.1. Perturbations sur le marché mondial :

Les tensions géopolitiques et la crise covid impactent directement les chaines d'approvisionnement dans le monde. Le marché mondial est perturbé. Il y a des tensions sur les marchés de matières premières et une forte inflation. Les entreprises doivent s'adapter aux nouvelles conditions d'approvisionnement. Pour toute entreprise de taille conséquente, le défi de la supply chain sera de maintenir un service client inchangé avec dans un climat d'approvisionnement perturbé et inhabituel. Au-delà des intérêts financiers, elles seront très prochainement sur le front des tensions et des batailles pour l'approvisionnement.

5.2. Révolution blockchain :

Nous sommes à l'aube de la révolution blockchain. Il s'agit d'un registre numérique décentralisé permettant d'enregistrer toutes sortes de transactions entres plusieurs parties (par exemple acheteur - vendeur, fournisseur - client, structure publique - entreprise...). Son principe de décentralisation la rend infalsifiable et impiratable. Elle n'appartient à personne (elle n'est pas centralisée comme une banque centrale, un gouvernement...) et peut s'appliquer à beaucoup de domaines et en particulier à la supply chain. Pourquoi ? Elle supprime un tas d'intermédiaires parfois coûteux, inefficaces voire inutiles (douane, service traductions, contrôles, formalités administratives, normes...). La blockchain se chargerait d'enregistrer un tas d'applications (sorties de stock, contrôles effectués, signature électronique, traçabilité des produits utilisés, mouvement de stock suspect...) par toutes sortes de capteurs, de caméras et outils de reconnaissance permettant l'enregistrement de ces applications. La blockchain, de par sa décentralisation permettra à chaque partie de consulter réellement et en temps réel ce qui a été enregistré tout au long de la chaîne d'approvisionnement. Le principe de transparence est assuré pour toutes les parties.

5.3. Ecologie

L'écologie est au centre des enjeux économiques et sociales. La supply chain est directement visé par cet enjeu. Elle sera un gage de qualité pour les clients de plus en plus sensible à la question écologique. De ce fait une transformation et transition progressive devra s'intégrer dans les services supply chain par des choix plus respectueux de l'environnement. Que ce soit l'utilisation de matières plus durables, la diminution des gaspillages injustifiés, le recyclage, l'utilisation de transports moins polluants, multimodale...Le but est d'atteindre une « green supply chain ». De cette façon les sources mêmes des approvisionnements devenus vertes seront au cœur de la transition écologique de toute la société. Pour les entreprises, disposer d'une supply chain verte sera une opportunité économique à saisir car réduire ses consommations, optimaliser ses transports, utiliser des ressources durables...permettront de réaliser d'importantes économies, de rester compétitif et de se définir comme éco responsable.

6. Conclusions et supply chain du futur :

Pour une structure complexe, une supply chain efficace est garanti de haut degré de service, d'un control sur ses coûts, sur ses flux de marchandises, d'une analyse statistique et analytique éclairé de sa situation logistique.

Elle est devenue crucial pour tout structure désireuse de rester compétitive dans l'environnement commercial et/ou complexe. Elle doit s'adapter aux nouveaux défis pour rester performante.

Le progrès technologique continue. Le numérique, l'automatisation, robotisation et intelligence artificielle améliorent considérablement l'organisation et l'efficacité logistique. Des sociétés telles que Amazon sont le précurseur de cette nouvelle supply chain de haute performance technologique. Elle délaisse les tâches ingrates aux employés pour un glissement vers des profils plus qualifiés et requis afin de maitriser cet environnement de technologie de pointe.1. Introduction et mise en contexte :

Le département supply chain est un service d'organisation logistique lié à la chaîne d'approvisionnement d'une entreprise ou autre structure organisée. Autrefois négligé voire peu reconnu car étant considéré comme étant un poste à charge, elle est aujourd'hui un pilier stratégique de compétitivité pour contrôler et réduire les coûts logistiques dans l'environnement complexe de la mondialisation, des relations commerciales et de forte concurrence.

Les grandes structures économiques sont souvent victime de problème de gestion et d'efficacité à cause du manque de contrôle, de décentralisation, de traçage et d'informations. Les conséquences pour les gestionnaires sont le manque de transparence et de visibilité sur leur marchandise. Ce qui génère des anomalies tels que le gaspillage, des valeurs de stock et/ou des pertes exagérées, l'impossibilité d'exploiter des données, des trafics et vols en tout genre.

Le service supply chain permet donc de centraliser les problématiques et anomalies logistiques, de revoir tout le système de fonctionnement logistique dans le but de déployer une chaîne d'approvisionnement efficace.

2. Fonction d'approvisionnement :

L'approvisionnement consiste à fournir des biens pour répondre à des besoins spécifiques en quantité et temps voulu. La supply chain répond à ces besoins. Le service level est l'indicateur KPI de performance par excellence. Il permet de mesurer les résultats et l'efficacité logistique. A savoir ce qui a été livré et à quel moment par rapport à ce qui a été demandé et pour quand.

La difficulté de l'approvisionnement et de la gestion des stocks est l'équilibre entre les coûts de stockage et le service au client. C'est est un exercice contradictoire entre la volonté de disposer de stock suffisant tout en limitant sa valeur.

L'approvisionnement est au cœur du fonctionnement de toute société. Que ce soit le transport, l'énergie, l'alimentation..., elle est indispensable pour maintenir et garantir un degré de confort et de développement économique. Il est difficile de concevoir une société en pénurie chronique d'énergie, d'électricité, d'alimentation, de transports...Le rôle de la supply chain est de gérer ces approvisionnements souvent critiques et stratégiques.

3. Principe de fonctionnement d'un dépôt central et gestion des stocks :

3.1. Introduction

Une supply chain efficace implique le bon fonctionnement logistique d'un centre de distribution. Tout est étudié pour optimaliser au mieux la gestion des stocks et le service au client. Dans le commercial, ce dernier peut-être un point de vente, le service achat, le service marketing. Dans l'industriel, cela peut-être le service technique, les ingénieurs, les points de distribution logistique...Cette notion de service au client interne est fondamental pour une supply chain efficace et cohérente.Les clients internes ont souvent leurs propres clients qui sont les utilisateurs finaux. Il y a donc toute une chaîne d'approvisionnement à gérer jusqu'aux clients finaux. Le centre de distribution est au cœur de cette chaîne.Le client interne connaissant ses besoins mieux que quiconque, il convient de décentraliser au maximum l'information sur les besoins pour permettre une flexibilité accrue, un temps de réaction, une bonne communication et un haut degré de service de la part du dépôt central.

3. 2. Optimalisation d'un centre de distribution :

Pour fournir un service client efficace tout en contrôlant les coûts, il est indispensable d'organiser le trafic de marchandise de façon efficace, pragmatique et logique :

Diviser, organiser et tracer le trafic de marchandises en différentes zones : Pour une gestion efficace du flux de marchandise, il faut différentes zones fonctionnelles. La réception, la zone de stockage, la zone d'expédition. Entre ces zones, il peut exister des espaces de transit / tampons. Pour pouvoir tirer des statistiques et assurer un bon suivi des références, il est nécessaire de suivre chaque flux de stock en les enregistrant, par exemple en donnant un numéro pour chaque mouvement (entrée, sortie de stock, retour client interne, retour fournisseur, bon de livraison...).

Au niveau inbound, discipline logistique des livraisons indispensable pour un bon fonctionnement : Pour assurer un haut degré de service, il convient de mettre en place des méthodes de travail structurées à respecter. Les fournisseurs doivent livrer à temps selon et des créneaux horaires disponibles. Les retards répétés engendrent une désorganisation et des perturbations sur l'activité logistique et ressources humaines. Cela se fait généralement via des interfaces de prise de rendez-vous. Cette même interface permet de planifier la gestion des ressources humaines nécessaires au bon fonctionnement du dépôt et de tirer toutes sortes d'informations utiles.

Stocker les références au bon endroit en fonction de leur degré d'importance : Une référence fast mover (forte rotation) doit pouvoir se situer au plus proche du quai d'expédition pour diminuer les distances de préparation, assurer un bon service client dans un souci de rentabilité et de productivité. Et inversement pour les références de moindre importance. Il ne leur est pas nécessaire de consacrer autant d'attention.

Au niveau zone d'expédition / outbound / livraisons :

  • Optimiser les livraisons en établissant un planning d'expédition selon un schéma de commandes des clients internes par catégorie de produits (selon sa rotation, taille, poids, proximité... dans le but d'établir l'itinéraire de livraison le plus efficace et d'assurer une volumétrie de transport le plus rentable possible (remplir au maximum le transport pour ne pas transporter de l'air).
  • Optimiser les livraisons par des emballages spécifiques pour chaque type de produit afin d'assurer une stabilité, un rangement adéquat et une robustesse suffisante lors des transports.
  • Sous-traiter les transports pour passer des coûts fixes à coûts variables ou mutualiser le transport avec d'autres sociétés pour partager les coûts.

Gestion des slots et nouvelles références : Les dépôts n'étant pas extensible à l'infini, il convient de maitriser le nombre de références mis en stock pour pérenniser le bon fonctionnent du centre de distribution. En calculant bien évidemment le taux de disponibilité et pour limiter toute sur occupation prévoir une référence en moins (obsolète, peu rentable, trop imposant...) au moment de l'introduction d'une nouvelle. En concertation bien entre les services de stocks / approvisionnement et commercial / marketing.

3.3. Classification et paramétrisation des références via un progiciel de gestion intégré pour une bonne stratégie d'approvisionnement et gestion des stocks :

Pour gérer au mieux une chaîne d'approvisionnement d'un point de vue informatique, un progiciel de gestion intégré est indispensable. Le plus connu étant SAP. Il s'agit d'une grande base de données comprenant un ensemble d'applications (appelées transactions) permettant d'organiser, de remplir, de compiler, extraire, stocker ou encore analyser des données. Elle au cœur de la disponibilité de toute information et de traçage des références gérées.

Pour une gestion de stock efficace et rentable, il est nécessaire de classifier les références en analysant leur degré d'importance. L'erreur est de considéré tous les produits comme étant égaux. Certaines références ont une forte rotation, d'autres moins. D'autres sont plus rentables, plus chers, prennent plus de place, ont des coûts de stockage élevé...

On peut donc déterminer une politique d'approvisionnement et gestion des stocks en jouant sur des paramètres. En déterminant les articles à commander sur demande car faible rotation, avec consommation régulière, en fin de vie et / ou en baisse dans le temps.

On peut également jouer sur les paramètres pour évaluer, adapter ou adopter une stratégie de gestion de stock voulue par la hiérarchie. Voici quelques exemples si l'on veut réduire la valeur de stock et les coûts logistiques.

  • Echelonner les commandes à forte valeur afin de conserver une valeur de stock raisonnable. Néanmoins, l'échelonnement augmente la fréquence de livraison. Il faut donc veiller que les coûts de réception (suivis administratif, coûts de personnel, mise en stock...) restent raisonnables par rapport à ces échelonnements de commandes.
  • Si l'on souhaite modérer la fréquence de livraison, on peut commander une quantité supérieure. Ce qui permet de limiter la fréquence de livraison et de manipulation en dépôt. Pour ne pas exploser la valeur de stock, trouver l'optimum entre la fréquence de réception et la valeur de stock en optimalisant les unités logistiques commandées en fonction des consommations.
  • Au niveau stock maximum, stock minimum et stock de sécurité, on peut jouer sur les paramètres pour baisser le stock coverage. Pour le stock de sécurité, si la consommation est stable, régulière et que la valeur des références concernées est assez élevée, il est intéressant de baisser le stock de sécurité voire de le supprimer. La valeur de stock sera allégée sans trop de risques de ruptures conséquentes.
  • Commander une référence de moindre importance (faible rotation de stock, faible valeur, coûts administratifs importants) en plus grande quantité pour accorder moins de suivis.

3.4. Considérer le bon flux d'approvisionnement :

Il est intéressant d'effectuer une étude pour sélectionner le meilleur flux d'approvisionnement en fonction de la nature du produit géré. Voici quelques exemples de flux utilisé en supply chain.

Flux régulier / stocké : On considère ce flux comme étant classique. On commande, le fournisseur livre et la marchandise est stocké. Ce flux est utilisé pour des produits à consommation régulière, de préférence de longue durée de conservation. De cette façon, on peut calculer et paramétrer le bon niveau de stock et de service au client.

Flux transit : On considère ce flux comme tendu. C'est-à-dire avec peu ou sans de temps de stockage. Ce flux convient particulièrement pour les références ayant une durée de conservation courte ou à très forte rotation. Il permet également de limiter le coût de stockage.

Flux alloti : Ce flux est intéressant pour une grande structure comprenant de nombreux clients internes, tels que des magasins pour la grande distribution. Dans ce cas, le fournisseur classe, tri et distribue en fonction des besoins de chaque client interne de l'entreprise qui est livré. Le fournisseur a donc accès à la gestion du stock de son client et aux besoins de ses clients internes.

Flux VMI : En d'autres termes GPA, gestion partagée des approvisionnements. Le fournisseur considéré comme reconnu, solide, stable et fiable gère lui-même le stock de son client via le partage des données. Pour le client, il y a moins de coût de personnel et administratif. Il laisse la liberté à son fournisseur de gérer ses propres stocks. Il y a tout de même des risques de stocks élevés. Le fournisseur étant tenté de faire commander plus à son client sans que ce soit vraiment justifié surtout vers la fin pour faire gonfler les ventes.

Flux consigné : Le stock en dépôt du client est valorisé chez le fournisseur. De ce fait, le fournisseur consigné a droit de regard sur son stock (inventaire, justification ou adaptation des commandes...).

3.5. Quelques remarques sur la gestion financière d'un centre de distribution :

Plus une centrale de distribution dispose de points à distribuer, plus sa rotation de stock est assurée. Donc moindre coût de stockage et économies d'échelles au niveau de la société.

En ce qui concerne les rallongements des délais de livraisons. Si un fournisseur souhaite rallonger son délai de livraison pour une raison ou une autre, cela aura pour conséquence d'augmenter la valeur de stock en dépôt. Les responsables d'approvisionnement doivent donc demander une contrepartie pour compenser le hause de valeur de stock.

A partir d'une certaine valeur de stock conséquente, il est intéressant pour les responsables de l'approvisionnement de négocier un stock consigné. C'est-à-dire valoriser le stock chez le fournisseur en lui offrant en contre partie un droit de regard et inventaire sur son stock.

On peut aller plus loin en analysant les couts d'entreposage de stock pour chaque référence, en étudiant les coûts de mise à disposition des slots, de l'énergie et matériel de manutention utilisé pour le répercuter sur le contrat d'approvisionnement avec le fournisseur.

Une hyper optimalisation d'un centre de distribution (stock réduit au minimum, intolérances sur les petits retards de livraison, personnel de manutention réduit au minimum...) peut engendrer une fragilité du système logistique par toute sortes de perturbations (tensions du personnel, grèves, marchandise en rupture de stock, litiges fournisseurs) et impossibilités de répondre à des imprévus (crise sanitaire, personnel absent, demande trop importante et rapide...).

4. EDI - Echange de données informatisées :

Au fur et à mesure de la complexité, de la quantité de références à gérer et des flux d'informations, l'EDI devient un excellent outil pour l'échange informatisée de données (EDI). Dès que le nombre de commandes, de livraisons et facturations devient important et complexe, il est logique d'investir dans cet outil électronique. Elle réduit le nombre d'intermédiaires, automatise l'échange d'informations et réduit donc les manipulations manuelles. L'organisation logistique devient plus efficace ainsi que la fiabilité des documents par l'interopérabilité des documents, progiciels de gestion et autres calculs algorithmiques.

5. Maintenir une supply chain performante :

Pour maintenir un haut degré de service logistique envers le client interne, il est utile de mettre en place des services spécialisés et des outils permettant d'atteindre cet objectif. Voici des exemples concrets :

5.1. Au niveau inbound (fournisseurs vers dépôt), mettre en place un service relance nécessaire pour relancer tous les dossiers ouverts relatifs aux retards, blocages logistiques ou dossiers sans suivis et/ou bloquants. Ce service garantit un suivi des commandes à partir d'une date de livraison confirmée jusqu'à la réception finale de la marchandise. Tant que la commande n'est pas clôturée, ce service relance régulièrement les personnes de contact lié à la chaine d'approvisionnement. Ce système permet de certifier le suivi des livraisons vers le centre de distribution et donc de garantir au client interne une information fiable concernant la disponibilité des références demandées.

5.2. Au niveau outbound (dépôts vers clients internes), mettre en place un service Helpdesk / Supply Customer Service dans le but de fournir un support logistique de qualité à son client interne (servir le bon produit, au bon moment et en bon état).

Il est nécessaire de centraliser les demandes récurrentes des clients internes concernant tous les problématiques liés à la logistique. Ce service d'aide logistique est au front pour fournir une prestation logistique efficace. Comment y arriver ? En créant des procédures les plus simplifiées et compréhensibles pour chaque cas de problématiques logistique. Du moins pour les demandes / plaintes les plus récurrentes. Voici quelques exemples de plaintes et questions qui reviennent souvent.

Erreur de préparation, erreur d'expédition, de livraison : Dans ce cas, il faut demander au service responsable de recontrôler le stock concerné pour éviter les anomalies de références et d'autres erreurs de préparations. Ensuite procéder à l'échange de marchandise selon un bon d'échange simplifiée. Une fois le matériel non conforme retourné en central, le remettre en stock sans perdre de temps afin de clôturer l'anomalie constatée au plus vite.

Besoin urgent d'une référence ou risque de rupture : Pour trouver une solution rapide, on peut demander un transfert de stock entre points logistiques. Ou prévoir une livraison au plus vite via un itinéraire de livraison plus rapide. Si le stock demandé n'est disponible nulle part, mettre une priorité sur la référence concernée à partir d'un schéma de livraison informatisé (par exemple via l'outil ATP available to promise, c'est-à-dire livraison selon un ordre de priorité de commandes).

Demande d'infos du client interne pour une référence : Ceci peut concerner des infos sur la disponibilité, une demande d'avancement de livraison, une livraison en retard à signaler et faire suivre, une livraison non conforme en qualité ou non conforme aux conditions exigées (dans ce cas, toujours demander une contrepartie par exemple via une note de crédit sur facture), trop ou pas assez livré (respectivement faire suivre via reprise de marchandise et numéro de retour ou demande de relivraison du solde ou clôture via notre de crédit).

5. Challenges, problématiques et opportunités d'avenir pour la supply chain :

5.1. Perturbations sur le marché mondial :

Les tensions géopolitiques et la crise covid impactent directement les chaines d'approvisionnement dans le monde. Le marché mondial est perturbé. Il y a des tensions sur les marchés de matières premières et une forte inflation. Les entreprises doivent s'adapter aux nouvelles conditions d'approvisionnement. Pour toute entreprise de taille conséquente, le défi de la supply chain sera de maintenir un service client inchangé avec dans un climat d'approvisionnement perturbé et inhabituel. Au-delà des intérêts financiers, elles seront très prochainement sur le front des tensions et des batailles pour l'approvisionnement.

5.2. Révolution blockchain :

Nous sommes à l'aube de la révolution blockchain. Il s'agit d'un registre numérique décentralisé permettant d'enregistrer toutes sortes de transactions entres plusieurs parties (par exemple acheteur - vendeur, fournisseur - client, structure publique - entreprise...). Son principe de décentralisation la rend infalsifiable et impiratable. Elle n'appartient à personne (elle n'est pas centralisée comme une banque centrale, un gouvernement...) et peut s'appliquer à beaucoup de domaines et en particulier à la supply chain. Pourquoi ? Elle supprime un tas d'intermédiaires parfois coûteux, inefficaces voire inutiles (douane, service traductions, contrôles, formalités administratives, normes...). La blockchain se chargerait d'enregistrer un tas d'applications (sorties de stock, contrôles effectués, signature électronique, traçabilité des produits utilisés, mouvement de stock suspect...) par toutes sortes de capteurs, de caméras et outils de reconnaissance permettant l'enregistrement de ces applications. La blockchain, de par sa décentralisation permettra à chaque partie de consulter réellement et en temps réel ce qui a été enregistré tout au long de la chaîne d'approvisionnement. Le principe de transparence est assuré pour toutes les parties.

5.3. Ecologie

L'écologie est au centre des enjeux économiques et sociales. La supply chain est directement visé par cet enjeu. Elle sera un gage de qualité pour les clients de plus en plus sensible à la question écologique. De ce fait une transformation et transition progressive devra s'intégrer dans les services supply chain par des choix plus respectueux de l'environnement. Que ce soit l'utilisation de matières plus durables, la diminution des gaspillages injustifiés, le recyclage, l'utilisation de transports moins polluants, multimodale...Le but est d'atteindre une « green supply chain ». De cette façon les sources mêmes des approvisionnements devenus vertes seront au cœur de la transition écologique de toute la société. Pour les entreprises, disposer d'une supply chain verte sera une opportunité économique à saisir car réduire ses consommations, optimaliser ses transports, utiliser des ressources durables...permettront de réaliser d'importantes économies, de rester compétitif et de se définir comme éco responsable.

6. Conclusions et supply chain du futur :

Pour une structure complexe, une supply chain efficace est garanti de haut degré de service, d'un control sur ses coûts, sur ses flux de marchandises, d'une analyse statistique et analytique éclairé de sa situation logistique.

Elle est devenue crucial pour tout structure désireuse de rester compétitive dans l'environnement commercial et/ou complexe. Elle doit s'adapter aux nouveaux défis pour rester performante.

Le progrès technologique continue. Le numérique, l'automatisation, robotisation et intelligence artificielle améliorent considérablement l'organisation et l'efficacité logistique. Des sociétés telles que Amazon sont le précurseur de cette nouvelle supply chain de haute performance technologique. Elle délaisse les tâches ingrates aux employés pour un glissement vers des profils plus qualifiés et requis afin de maitriser cet environnement de technologie de pointe.

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